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Guillaume Crédoz entre architecture et robots

11/05/2025

Guillaume Crédoz est architecte. Il a fondé, au Liban, Bits to Atoms: un "laboratoire de recherche création en architecture et design" et, en France: Post Industrial Crafts.
Sa pratique va de l'architecture au design, avec une attention particulière sur la fabrication, notamment digitale, à l'aide de grands bras robots de l'industrie automobile.

Rencontre avec Guillaume Crédoz, à l'occasion de la re-localisation de leur bureau d'architecture.


Vous avez déménagé votre bureau d’architecture à Achrafieh, (vous y faites un afterwork ce

jeudi 15 mai à 17h). Est-ce le résultat d’un processus où les secousses libanaises ont leur place ?

En effet, depuis notre période où nous étions plus de trente personnes à Bits to Atoms, une

reconfiguration spatiale importante a eu lieu! Les crises successives ont eu raison de notre

modèle où le bureau d’architecture finançait un très grand atelier de recherche-création, plutôt

sur le modèle canadien.

Cet immense espace où nous travaillions avec une demi-douzaine de grands robots sur

plusieurs matières, aux échelles du meuble et de l’architecture, est devenu trop lourd à porter et

a dû être relocalisé en France, à Saint-Etienne, où il a trouvé du sens notamment par rapport à

ses projets de mobilier urbain et de recyclage de matériaux, notions qui laissaient les

municipalités libanaises inertes. J’y ai (re)fondé PIC (Post Industrial Crafts) avec un associé, et

beaucoup de synergies s’installent avec les volontés de design, développement durable,

ré-industrialisation et économie circulaire portées avec énergie par la Métropole et le

gouvernement.


Hotel Novotel- Abidjian


Le bureau d’architecture reste lui, à Beyrouth?

Oui, nous travaillons sur nos projets au Liban et à l'étranger à partir de Beyrouth.

Les deux hotels Novotel et l’Adagio d’Abidjan (300 chambres, 15 étages) sur le boulevard G. d’Estaing

viennent d’être ouverts, et nous travaillons sur un grand siège social à Kinshasa, en structure

métallique, fabriquée au Liban, transportée puis assemblée au Congo. Nous avons en outre plusieurs

projets de maisons de campagne en cours.

L’exemple de la maison de la rivière de Baskinta servant souvent de repère aux clients

cherchant une sensibilité à la nature et au site qui n’est pas fréquente dans le monde de la

construction au Liban.

Maison de campagne à Baskinta


Je crois que Beyrouth reste encore un endroit où un mélange de cultures est à l’œuvre. On le

pense partout ce mélange avec la mondialisation et les médias, mais c’est en surface. Au niveau

de la pratique et des savoir-faire il y a beaucoup à faire, ce qui donne aussi le sentiment d’être

utile ici.

Plus de dix ans d’expérience locale nous ont donné les moyens pour pouvoir continuer notre

attention particulière à la matérialité de l’architecture, avec des artisans locaux plutôt qu’avec nos propres ateliers. La part importante de notre pratique portée par des maquettes allant jusqu’à l’échelle 1/1 continue elle aussi.


Votre vie est donc entre deux pays, comme beaucoup au Liban. Quel regard sur cette double

vie, quel équilibre, quelles comparaisons?

Il faut bien avoir conscience des ressources et des enjeux dans chaque pays car elles sont bien

différentes. En France nous sommes portés par des subventions de recherche mais encadrés de

normes, justes mais nombreuses. Au Liban une plus grande liberté prévaut, mais un contrôle

nettement plus avancé est nécessaire pour obtenir un résultat digne des règles de l’art.

Je trouve que les deux se nourrissent.

Globalement, le métier d’architecte y est peu supporté et la relation maître d’œuvre - Maître

d’ouvrage, pilier du métier, y est parfois aberrante et peut même être dynamitée par les

entreprises de construction qui souhaitent avoir le champ libre de contraintes pour optimiser

leurs revenus.

Mais malgré les difficultés, la richesse des sites et des bâtis historiques qu’on nous confie à

restaurer, le dynamisme des entrepreneurs qui supportent des produits immobiliers innovants,

les cultures protéiformes de nos clients, sont toujours des motivations pour rester dans la

région MENA.

Avec un humour un peu tendre, je parle souvent de la «richesse» en problèmes et en besoins

du Liban (et autour); car en fait, c’est de problèmes à résoudre que le designer a le plus besoin:

si tout est parfait; alors il n’y a rien à ajouter, rien à faire.


Ici, pour le coup, les sujets ne manquent pas.


Retrouvez Guillaume Crédoz et son équipe pour un "After work" jeudi 15 mai 2025 de 17h à 19h.

Achrafieh - Rue Georges Haimari - Imm Paoli - 3eme etage.

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