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Hkeeli à Beit Beirut : une mémoire vivante entre transmission et résonance

29/04/2025|Nile Bteich

Le 13 avril 1975 demeure une date gravée dans la mémoire collective du Liban : celle du début de la guerre civile. Cinquante ans plus tard, cette blessure encore vive trouve une nouvelle expression à Beit Beirut à travers l’exposition Hkeeli, mot arabe qui signifie raconte-moi. Cette initiative, lancée à la suite de l’exposition « Allo Beyrouth », n’a rien d’une rétrospective figée. Elle propose au contraire une plongée intime et interactive dans la mémoire du conflit, portée par les voix de ceux qui l’ont vécu et de ceux qui en héritent.

Dans ce bâtiment symbolique situé sur l’ancienne Ligne verte, qui séparait la capitale pendant la guerre, les visiteurs sont invités à suivre un fil vert – littéralement – qui les guide à travers les récits, les objets, les images et les sons. Ce fil n’est pas qu’un repère spatial : il devient lien de mémoire, de compréhension, de transmission.

Le parcours s’articule autour du témoignage de Fida, qui raconte son enfance durant la guerre, dont les souvenirs tissent la trame de l’exposition. Son regard, empreint d’innocence et de confusion, révèle l’absurde du conflit à travers des détails poignants : des conversations entendues à la dérobée, des rencontres avec des miliciens, des scènes de mort impossibles à oublier. Sa voix intérieure résonne comme celle de nombreux enfants de guerre, pris dans un monde dont ils ne comprennent ni les codes, ni les raisons.



Mais Hkeeli ne s’adresse pas uniquement à ceux qui ont connu la Guerre Civile. Elle tend également la main à la jeunesse actuelle. Au deuxième étage, l’exposition se divise entre une installation de Wadad Halwani consacrée au combat du Comité des familles des disparus, une section portée par l’Observatoire urbain de Beit Beirut dirigé par Hala Younes autour des transports collectifs, et une installation de Public Works qui évoque les impacts de la guerre de 2025.

L’exposition invite aussi à la participation. Le public peut laisser une trace de sa propre mémoire : écrire, enregistrer, témoigner, dans un espace conçu pour faire émerger la parole.

Enfin, cette exposition comprend des archives : des objets du quotidien — meubles, photos, ustensiles familiers — rappellent à chacun l’univers domestique d’hier et d’aujourd’hui, dans ce qu’il a de plus touchant et de plus universel. Cela rend l’expérience encore plus personnelle, mais également collective.

Du mercredi au dimanche, de midi à vingt heures, Hkeeli propose également une programmation vivante : des performances, parfois du théâtre, des lectures, des récits qui s’entrelacent, ainsi qu'une librairie récemment ouverte à tous. Cet espace accueille les visiteurs pour écouter, lire, partager ou simplement être là, au cœur d’une mémoire en mouvement.



Crédits 
Hkeeli est un projet porté par la Lebanese Association for History (LAH) et le Forum for Memory and Future (FMF), avec la participation de : 
Steps, CFKDL, Public Works Studio, Beirut Physical Lab, Fighters for Peace, Assabil Library, Tripulley, Sylvie Ballyot, Fida Bizri, Cedric Kayem, Anthony Tawil, Hashem Adnan, Majd el Hamwi, Ghassan Halwani, Sasseen Kawzali, George Arbid, Kinda Dekmak, Shadi Faraj, Samira Ezzo, Frida and the Tribe, Wissam Lahham, Dr Nahla Harb, Adeeb Farhat, Yasmine Chahhal, Hassan Salha.

Avec le soutien de : UN Women, Friedrich Naumann Foundation 
Sponsors : Café Younes 
Assurance : LiaAssurex

 

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