Pierre Audi dès l’adolescence, alors qu’il vivait encore au Liban, caméra au poing, filmait, écrivait des poèmes, peignait, était fasciné par la musique. Un artiste total et absolu. Les prémisses de sa fabuleuse carrière étaient déjà en lui. Son incroyable culture théâtrale et musicale ne pouvait que le mener vers l’opéra dont il a révolutionné les codes par des mises en scènes inoubliables et mythiques, créatives et imaginatives, en même temps qu'elles étaient rigoureuses, sensibles et atypiques.

Nommé directeur de l'Opéra d'Amsterdam en 1988, il avait dépoussiéré cette vénérable maison en l'imposant comme l'un des incontournables hauts lieux de la vie musicale internationale. Les meilleures baguettes s'y bousculaient: Simon Rattle, Pierre Boulez, Ricardo Chailly, Christophe Rousset, entre autres. Pierre Audi prenait à bras le corps tous les répertoires de la musique, qu'elle soit ancienne (Monteverdi, Gluck, Vivaldi, Haendel), ou plus proche de nous (Berlioz, Debussy, Rihm, Henze). En 1997-1998, il montait, pour la première fois aux Pays-Bas, la Tétralogie de Wagner, et cette production anthologique est restée, de mémoire de mélomane, comme une référence absolue.

Depuis 2018 il dirigeait le Festival d’art lyrique d’Aix en Provence et lui avait apporté un souffle nouveau et singulier.

Sa brutale et tragique disparition laisse la planète lyrique hébétée, lui qui avait encore tant à dire. Repose en paix cher Pierre, ton œuvre te survit et tu resteras inoubliable et inoublié.

Pierre Audi © Sarah Wong