Leyla Nassar Tohme, les petites mémoires gourmandes d’une grande dame de cœur
MAG13/07/2025|Noha Baz
C’est sa belle-fille, Chantal Rayes Nassar, qui me présente le livre pour la première fois, décrivant, sourire aux yeux et au cœur, cette belle-mère douce, généreuse et fédératrice, qui a fait de la cuisine un liant extraordinaire inter-familial, devenu aujourd’hui international à travers un livre : “Petites histoires gourmandes, Peqenas lembranças culinárias”.
Rédigé en portugais et français, l’ouvrage, petit bijou d’anecdotes et de saveurs, raconte surtout de belles histoires accompagnées de recettes choisies qui mettent l’accent sur la mémoire gustative.
Chaque recette est accompagnée d’un souvenir et d’une illustration bucolique au bic 4 couleurs, signée par l’amie de l’auteur, Isabelle Tuchband, dans une mise en page de Mind the Gap.
L’ouvrage reflète à merveille l’élégance de son auteur ; grande dame toute simple, à l’allure naturellement altière et à l’élégance intemporelle.
Aucun artifice n’accompagne ses cheveux au carré d’un blanc immaculé, juste l’éclat d’un regard et d’un sourire. Une bienveillance que l’on déchiffre au décours de chaque phrase, de chaque petite histoire qu’elle vous raconte avec tendresse.
Née au début des années trente à São Paulo, dans une famille libanaise, elle grandit à Rio de Janeiro au rythme de nombreux allers-retours entre le Brésil et le Liban...
Elle raconte avec douceur sa rencontre avec son mari, Amine Nassar, ancien président du Conseil supérieur de la magistrature et ancien président du Conseil constitutionnel.
“C’est lui qui m’a fait encore plus aimer le Liban. Nous nous sommes rencontrés par le biais de Farouk Abillama (ancien directeur général de la Sûreté générale et ancien ambassadeur du Liban à Paris), qui nous avait conviés, avec mes parents, à l’une de ses soirées alors que j’étais en visite au Liban”, se souvient-elle.
Le mariage est organisé à Rio en 1961, et Leyla Tohme Nassar s’installe ensuite au Liban. Le couple a trois fils, dont deux — Anwar et Fares — habitent actuellement au Brésil.
C’est avec sa mère qu’elle fait ses premiers pas en cuisine.
“Enfant, je n’aimais pas manger, et je m’ennuyais à table. Par contre, et jusqu’à aujourd’hui, j’aime beaucoup cuisiner. Lorsque j’étais jeune fille, préparer les dîners avec ma mère, Eugénie, était une fête !
Ma mère était d’origine damascène, élevée dans une belle tradition de table. C’est avec elle que j’ai effectué mes premiers pas en cuisine et appris les goûts et la mesure des assaisonnements. J’aimais beaucoup la regarder cuisiner.
Nous avions de l’aide à la maison, mais elle tenait à confectionner elle-même les plats présentés à table. Très méticuleuse, chaque détail était pour elle d’importance, et la qualité des produits surtout essentielle.
En la regardant faire, j’enregistrais ses gestes, et quand elle m’en donnait la permission, j’adorais lui donner un coup de main. Étaler finement la pâte à kebbé dans les moules pour un “kebbé bel saniyeh”, par exemple, me mettait le cœur en joie ; travailler la pâte, la lisser jusqu’à ce qu’elle devienne bien uniforme pour bien recevoir la farce, était un exercice quasiment artistique !”
“Plus tard, j’ai suivi des cours avec une professeure de cuisine hongroise et collectionné de nombreuses recettes à la fois méditerranéennes et internationales, que j’ai retranscrites dans un classeur avec, pour chacune, une fiche avec la description du repas durant lequel je l’ai présentée et la petite histoire ou anecdote qui va avec.
Pour ces petites mémoires, j’ai choisi dans mon classeur mes recettes préférées.”
À l’arrivée, un magnifique album de souvenirs qu’elle nous fait partager en français et en portugais.
Au fil des pages, vous découvrirez, émerveillés, coutumes et traditions de tables brésiliennes, hongroises, libanaises, ottomanes et syriennes. Les textes invitent au voyage et donnent envie de lire la recette, d’abord pour le plaisir.
Vous rencontrerez également des recettes délicieuses, allant d’une simple tarte au fromage à une palette de façons d’accommoder le poulet : à la turque, au curry ou aux noix…
Vous découvrirez la “samkeh harra”, ce poisson très relevé, et les histoires very hot et croustillantes qui vont avec.
La cassata de Bahia et le gâteau Casimir finiront de vous mettre le cœur en joie. “Ce sera votre voyage onirique dans l’enfance, vous le ferez avec Casimir. Cap sur l’île aux enfants ! Faites-vous aider des enfants d’aujourd’hui…”, rajoute-t-elle, totalement adepte de l’importance de l’éducation du goût.
Le livre, posé dans un bel écrin carmin, est délicat et joyeux. La dernière page de l’ouvrage est dessinée par l’une de ses petites-filles.
S’il ne fallait retenir qu’une seule recette parmi les 125 pages de cet ouvrage-bonheur, ce serait le merveilleux “kebbé aux poissons d’Eugénie”, dont la description seule vous met l’eau à la bouche.
Le génie… d’Eugénie lui avait fait rajouter, entre deux couches de pâte de kebbé de poisson, une farce de crevettes bien relevées, histoire d’en magnifier encore plus les saveurs.
Devenu légendaire, ce plat a été à l’origine d’une belle anecdote, lorsque le président libanais Elias Sarkis, en visite officielle au Brésil dans les années 70, avait effectué un détour, modifiant son agenda pour venir faire honneur au plat à “la table d’Eugénie”.
Quant aux plats préférés de Leyla Tohmé Nassar :
Pour ce qui est de la cuisine libanaise, son cœur penche pour le kebbé sous toutes ses formes, pour “sa délicatesse et son raffinement”, et bien sûr, le merveilleux kebbé de poissons.
Côté cuisine brésilienne, elle opte sans hésiter pour
“La Feijoada”, plat national brésilien populaire et fédérateur par excellence.
Ce ragoût d’haricots noirs, nourrissant et savoureux, est déjà excellent pour la santé dans sa version la plus simple. Ses nombreuses variations sont fonction de sa composition, qui pourra être enrichie de viande de porc ou d’agneau.
C’est un plat accessible à toutes les classes de la société, quels que soient les moyens de la maison dans laquelle il est réalisé.
Et il mettra, à chaque fois, les papilles et le cœur en joie. Il peut être servi avec du riz, des légumes verts, agrémenté de quartiers d’orange fraîche.
“J’aime beaucoup le confectionner et inviter toute la famille et les amis proches à le partager !”
Dédié à ses petites-filles chéries, « en leur souhaitant une vie pleine de saveurs », Leyla Tohmé Nassar précise que l’écriture de son livre a d’abord été, pour elle, un plaisir, une façon de perpétuer les bons moments et les souvenirs.
L’Institut Guimarães Rosa de Beyrouth et l’Ambassade du Brésil au Liban auront le plaisir de recevoir Mme Leyla Tohmé Nassar le mercredi 16 juillet, pour une rencontre suivie d’une séance de dédicace de son livre.
Une dégustation de saveurs brésiliennes, préparées par No Chef in the Kitchen, accompagnera la rencontre, qui sera accessible sur simple réservation au +961 76 500 557.
Audrey Hepburn aimait à dire : « Je crois fermement que nous naissons avec deux mains : l'une pour nous aider nous-mêmes, et l'autre pour tendre la main à celui qui en a besoin. Car nous ne venons pas au monde uniquement pour prendre soin de nous, mais aussi pour prendre soin des autres. La beauté de la vie ne réside pas seulement dans ce que nous accomplissons, mais dans ce que nous partageons. »
Leyla Nassar est née avec deux mains pétries de cœur, puisqu’elle a la générosité de faire don des revenus de la signature de son livre, lors de cette rencontre, à l’association « Les Petits Soleils », qui offre depuis de nombreuses années traitements, soins médicaux et soutien à des enfants et des familles démunies, quelles que soient leur appartenance ethnique ou religieuse, vivant sur le sol libanais.
Quand intelligence de cœur et bienveillance offrent du bonheur, ça ne peut donner que des soleils !
Institut Guimarães Rosa Beirut
@igrbeirut
+961 76 500 557
Ambassade du Brésil à Beyrouth
www.brazilembassy.org.lb
No Chef In the Kitchen
@NoChefintheKitchen
Association Les Petits Soleils
@les_petits_soleils
+961 1 613636