Il est numéro un au palmarès des livres les plus vendus en France et fait la une des journaux et des écrans, ce printemps 2025. Sa réputation le précède, il n’est plus à présenter et son dernier essai est tout aussi incontournable que ses deux derniers ouvrages (objet de deux de mes chroniques : Les ingénieurs du chaos et Le mage du Kremlin).
Dans ce petit livre, saisissant de vérité et d’effroi (Ce sont des époques sanglantes où les guerres se multiplient car attaquer coûte moins cher que se défendre), le conseiller politique Italo-Suisse nous décrit, à partir de sa propre expérience des coulisses des leaders de la terre, « comment le monde périclite sous nos yeux. Il nous guide de l’autre côté du miroir, là où le pouvoir s’acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l’affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l’IA s’avère incontrôlable… »
Il nous explique pourquoi et comment le pouvoir est désormais aux mains de dictateurs autoritaires et de technocrates qui carburent désormais à l’IA, « la matrice du posthumain » : « Tant que la compétition se déroulait dans le monde réel, sur les places publiques et dans les médias traditionnels, les coutumes et les règles de chaque pays en déterminaient les limites, quand il déménage en ligne, le débat public se convertit en une foire d’empoigne où tout est permis et les seules règles sont celles des plateformes », notamment les réseaux sociaux : « Partout, le principe reste le même. Trois opérations simples : identifier les sujets chauds, les fractures qui divisent l’opinion publique, pousser, sur chacun de ses fronts, les positions les plus extrêmes et les faire s’affronter, projeter l’affrontement sur l’ensemble du public afin de surchauffer de plus en plus l’atmosphère ».
À travers quelques chapitres hétéroclites, l’écrivain politologue nous raconte l’ambiance désinvolte à l’ONU, la séquestration au Ritz-Carlton par MBS de 350 hommes des plus riches et des plus puissants du royaume hachémite, les moyens radicaux de Nayib Bukele, le président du Salvador, pour régler le problème de délinquance, la technique de la tronçonneuse de Javier Milleni pour couper les dépenses publiques, la politique d’Elon Musk pour se débarrasser des démocraties libérales, la guerre de l’information menée par les services de renseignements (Cambridge Analytica)…
Une description saisissante, visionnaire, d’une planète régie par des « prédateurs » belliqueux, assoiffés de pouvoir, dans une société où les humains sont remplacés par les données et où « tout le monde se bat contre tout le monde et (où) la force devien(t) la seule règle du jeu. »
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